Auvergne –Rhône Alpes , le GEM « Hobby club LC 38 » installé à Échirolles


Revue de l’UNAFTC novembre 2018 Resurgence N°58

Depuis septembre 2011, l’AFTC Isère est marraine. Son filleul, le« Hobby club LC 38 » installé à Échirolles, est une association d’usagers pas comme les autres, puisqu’il s’agit d’un GEM (Groupe d’entraide mutuelle). 60 personnes âgées de 25 à 60 ans, victimes d’une lésion cérébrale par accident, y adhèrent, la plupart pour sortir de l’isolement. Toutes ont le point commun de porter le
projet de l’association. « À la différence des centres d’activités de jour (CAJ), les personnes font émerger leurs attentes et mettent en place ellesmêmes les moyens
d’y répondre, avec l’aide des deux animatrices salariées. Au travers d’activités ludiques, de discussions, d’un accompagnement pour des démarches personnelles dans leur vie de tous les jours (devenir bénévole dans une association, s’inscrire à un club de sport adapté…), chacune des
personnes y joue un rôle, les plus valides aidant souvent celles qui le sont moins.
Scènes quotidiennes
Denis (adhérent du GEM) souhaitait créer un mode d’emploi pourqu’on apprenne à le connaître. Il
exposa à un bénévole de l’AFTC ses difficultés à garder des relations à cause de ses comportements liés à son handicap. Celui ci lui proposa de faire du théâtre et de mettre en scène des péripé ties relationnelles, ce qui pouvait lui permettre de prendre de la dis tance avec ces moments souvent douloureux. Denis ayant accepté, le projet fut lancé avec un cer tain nombre d’autres personnes atteintes du même handicap. Encadrés par un comédien et metteur en scène, Ali Djilali, ils travaillent dans l’objectif de réa liser un spectacle, sachant que la plupart des participants ont des problèmes de mémorisation. Après plusieurs séances aux quelles une quinzaine de parti cipants ont participé, nous avons fait un constat : les improvisa tions jouées sont d’une grande qualité. Ainsi deux fois par mois, le mar di aprèsmidi, un groupe d’une douzaine de personnes tra vaille en improvisation depuis 2013. En fonction des thèmes sélectionnés, ils s’expriment, et analysent ensemble ce qui s’est passé, notamment en vision nant les petites vidéos effectuées par Olivier Girerd, camera man bénévole. Tout ce matériau constitue la matière première de ce que pourrait être un spectacle. Un certain nombre de sketchs étaient inspirés, réussis, drôles, cocasses, émouvants. Certaines scènes parlent d’eux et de ce qu’ils vivent au quotidien, sans que cela ne vienne d’une consigne d’Ali. Le résultat est saisissant de drôle rie, d’humour, d’émotion aussi. Il se passe surtout quelque chose, comme en témoigne l’assiduité des participants : une dizaine de personnes est présente à toutes les répétitions. Nous suivons le tra vail proposé, la levée des tabous, des inhibitions, des pudeurs, la progression du jeu. Même si le sujet est grave et sérieux, nous le traitons de la même façon que se déroulent les répétitions, c’est à dire avec humour, car ce travail est source de joie et de plaisir partagés entre les participants, acteurs et encadrants. Que pensent les acteurs de leur travail ? On sait qu’ils ont sou vent une image dévalorisée d’euxmêmes, mais néanmoins, lorsqu’ils jouent, « ils y vont » franchement, à fond. Ils donnent le meilleur d’euxmêmes. « Parfois ce sont les personnes que l’on imagine capables de rien qui font les choses que personne n’était capable d’imaginer » (Imi tation Game, film du réalisateur norvégien Morten Tyldum). Notre volonté de permettre à ces adultes de participer à cette aventure artistique est de leur donner les moyens de reconqué rir de la confiance en soi et de la dignité, car certains sont lourde ment touchés physiquement. Ils retrouvent comme tout citoyen le droit à une activité culturelle. En novembre 2016 Ali et moi même nous rendions à SFAX en Tunisie pour présenter notre aventure. Un an plus tard, sur invitation des services relations internationales de la ville de Grenoble, nous nous proposons de nous rendre à Sfax pour présenter un spectacle avec l’ensemble de la troupe théâtrale du GEM, notamment pour ren contrer d’autres associations au service de personnes handicapées  et échanger sur nos expériences respectives. Des acteurs parti cipants aussi à l’activité radio du GEM sont chargés de couvrir l’évènement par des prises de son et interviews des différents parte naires locaux. Voyage en Tunisie Le voyage est prévu du 12 au 16 novembre 2017. 15 per sonnes y participent, c’est à dire 11 acteurs et 4 encadrants. Nous apportons micros, vidéo pro jecteur, ordinateur, costumes. Départ le dimanche 12 novembre 2017 à 18h30, et arrivée prévue à 20h25 à l’aéroport de Monastir. Après un passage déplorable de la sécurité à l’aéroport SaintExu péry, où un agent de sécurité a demandé à PierreXavier de reti rer son attelle métallique pour pouvoir passer sous le portique – devant tout le monde et malgré ma désapprobation vite calmée par une intervention musclée des forces de police –, et une attente d’une heure trente pour embar quer, l’avion prévu tombe en panne. Sur le tarmac l’autobus qui nous achemine vers l’avion sem blait le chercher. Ils nous avaient organisé un jeu de piste… Notre voyage s’est bien passé malgré les angoisses de Charles et de Pierre, qui appréhendaient l’avion. Quelques madeleines achetées à un prix d’or dans l’ap pareil ont aidé. 22 heures 30, à l’aéroport de Monastir. Petit problème : les bagages n’étaient pas prévus, pas de soute dans l’autobus. Une heure et demie pour effectuer 80 kilomètres assis sur les valises et nous avions faim. Minuit enfin à Sfax, des sandwichs pimentés, une chambre d’hôtel. Après un super petit déjeuner pour tous, en pleine forme, nous allons rencontrer nos amis de l’école de malvoyants installée dans la médina. Deux fauteuils prêtés par un club de sport nous permettent de surmonter les cinq cent mètres de trottoirs de vingtcinq centimètres de haut, de pavés mal joints, de trous et toutes sortes d’obstacles. Notre ami Heidi, inspecteur de l’éducation nationale, nous sert de guide, nous apprend que les services de la culture sont actuel lement en grève et que « nous n’avons pas de salle pour jouer ». Ali et moi avons du mal à avaler notre superbe et délicieux beignet à l’huile. Nicolas, qui prête l’oreille à tout, nous interpelle et exprime sa déception de ne pas pouvoir jouer. Nous minimisons l’infor mation et apaisons tout le monde. Après notre visite, notre seule préoccupation était bien entendu de trouver une salle. Appels télé phoniques et – Ô miracle ! – une grande salle dans l’hôtel était libre à la location. Rassurés, nous pouvons prépa rer notre journée touristique du lendemain sur l’ile de Kerkennah. Je voulais par la narration du début du voyage montrer que malgré l’organisation minu tieuse, de nombreux imprévus sont survenus et l’humour, la joie de vivre, beaucoup de bienveil lance ont malgré tout permis aux acteurs de dépasser les moments difficiles. De nombreuses photos ont été prises lors de ce périple et grâce à ALI, nous étions en direct sur Facebook. Je ne relaterai pas les péripéties quotidiennes de l’accompagne ment de chacun avec ses soins spécifiques, mais je remercie Andrée (bénévole) et Marie (édu catrice de la villa Claude Cayeux), qui se sont occupées de Nicolas et Tasnim pour les toilettes, et pour leur attention bienveillante envers tous les participants. Des rencontres, un dépaysement total, un accueil chaleureux, des souvenirs inoubliables. Sur le bateau qui nous menait sur l’ile de Kerkennah, alors que Tas nim et Nicolas étaient aidés par Marie, Andrée et Ali venaient de finir de gravir les trois escaliers qui les menaient au pont supérieur, là, où tous les passagers les ont applau dis pour saluer leur courage.

e Le soir de la représentation, Charles, notre colosse, main dans la main avec une élève de l’école de malvoyants qui était en train de réciter un poème sur scène, lui apportait son soutien. Au retour, lorsque dans l’avion à l’arrêt sur la piste de l’aéroport de Monastir nous attendions le départ – car à Lyon un ciel nua geux et un brouillard épais nous auraient empêchés d’atterrir –, Luigi, debout au milieu de l’allée centrale, interpella le comman dant de bord : « Vous pourriez au moins éteindre les moteurs, cela ne sert à rien de consommer du gasole ! » L’aventure continua dans la fou lée à Grenoble le 22 novembre devant 150 spectateurs au théâtre municipal ; cette troupe ravie et radieuse se prêtant aux applau dissements fut pour nous la plus belle des récompenses. Mais rien n’aurait pu se faire sans la présence des bénévoles, sans la confiance des familles qui ont pu assister aux répétitions, sans le soutien de nos partenaires institutionnels et privés, notam ment l’agence de voyage Mondea, l’entreprise de transport Phili bert, l’association Alter Egaux, la Metro, la ville de Grenoble, la ville de Sfax, la villa Claude Cayeux, et sans la confiance du conseil d’administration de l’AFTC et du GEM qui nous a suivis dans ce projet un peu fou ! « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière » (Michel Audiard). Je remercie les acteurs de leur confiance. Je remercie Olivier de sa présence depuis plus de quatre ans. Et merci à Ali bien sûr ! Pour l’avenir nous avons deux projets. Faire une tournée à Phoenix aux ÉtatsUnis, car nous avons été invités, et recevoir nos amis tuni siens à Grenoble. E Benlevi, bénévole au GEM, viceprésident de l’AFTC38. En plein dans le cadre Un être différent… Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, vous fait partager son univers. Encadré par un comédien et metteur en scène, Ali Djilali, « Le Groupe en marche » – car la troupe porte ce nom depuis 2013 – travaille dans l’objec tif de vous proposer un spec tacle ; sachant que la plupart des acteurs ont des problèmes de mémorisation, ce ne sera pas une pièce traditionnelle, mais plutôt des sketchs, voire de l’improvisation. Joie, tris tesse, colère, peur, des rires, des pleurs, de la poésie : la vie. Du 12 au 16 novembre en tour née méditerranéenne à Sfax et le 22 novembre à 19h30 au Théâtre municipal de Grenoble. AFTC  Rhône Séjour à Carqueiranne du 1 er au 10 septembre 2018 organisé par Gérard Courtois Déjà cinq années que j’ai le plai sir d’être accompagnante et c’est toujours avec le même enthou siasme que je retrouve les parti cipants pour vivre de nouveaux moments dans des lieux diffé rents et toujours très accueillants. Cette année c’est Carqueiranne : agréable découverte du lieu, connu des premiers participants en 1997. Nous avons pu apprécier la rénovation de Vacanciel, avec de beaux espaces de détente et surtout un espace aquatique, qui a fait le bonheur de chacun. Même les plus récalcitrants à la baignade se sont essayés au chemin mas sant et aux bulles abondantes et ont fini par prendre beaucoup de plaisir et de détente. MarieThérèse, infirmière fidèle de ces dernières années n’ayant pu être présente, a envoyé toutes ses amitiés. Nous avons eu par ailleurs le plaisir d’accueillir Nanda, qui a su merveilleusement s’intégrer et apporter son concours, sa bonne humeur, sa gentillesse et ses com pétences qui ont contribué une fois encore à la réussite du séjour.

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