J’étais accompagné de mon hôte, Isabelle Paquet, que le staff pris semble-t-il pour une parente à moi et moi pour ce que je ne suis plus réellement : un usager de la psychiatrie. Ci joint son témoignage:
Comment j’ai été humiliée par des femmes comme moi.
Aujourd’hui, je me prépare à accompagner Stefan Jaffrin (avec deux ff comme dans pff) à une réunion proposée par le Club House de Lyon. Je m’en réjouis. D’abord parce que, oh joie, le club est quasi en bas de chez moi et puis parce que c’est une manière de rendre la théorie (oui je suis en train de lire la future publication de Stefan sur les GEM) palpable. Je me réjouis tellement qu’avant de partir je pose délicatement sur mes paupières eye liner Purple, sur mes cils mascara bleu et sur mes lèvres un rouge aubergine. Je me maquille proportionnellement au gap que je perçois d’avec mes interlocutrices et interlocuteurs : grand gap = soin dans mon apparence, me faire belle pour eux. Hier nous avions eu une conversation où je demandais à Stefan de ne pas me « prévenir » sur les situations inconnues à vivre pour moi ou sur des personnes inconnues à rencontrer par moi. J’aime l’inconnu et j’aime recevoir ces moments là sans filtre. Donc Stefan ne me prévient pas, puisque, a priori, il n’y a pas de danger à aller à cette réunion. L’entrée est peu repérable mais l’animal reconnait le logo de loin, le mode d’emploi pour l’interphone est absurde, l’étage non-indiqué mais nous concluons qu’il y a une forte probabilité que ce soit au premier ,l’ascenseur étant bloqué là.
À l’arrivée, la porte est ouverte, deux ou trois personnes nous accueillent et vérifient qu’il n’y a pas d’erreur « oui oui nous venons bien pour le rendez-vous hebdomadaire du mardi de présentation de l’association ». La femme aux cheveux bruns mi-longs nous fait signe de nous diriger vers la femme aux cheveux blonds courts. J’ai le temps d’apercevoir dans la salle d’attente, un groupe de 7 ou 8 personnes debout, visages inquiets, tous espacés d’une distance équivalente, seuls dans ce choeur qu’on pourrait croire mis en scène avec le plus grand soin. Nous sommes à la borne d’accueil, le femme aux cheveux blonds courts demande si nous avons réservé « oui j’ai réservé il y a une semaine au nom de Jaffrin Stefan » mais sur la feuille de la femme aux cheveux blonds courts point de Jaffrin ni avec un f ni avec deux ff. « Qui êtes-vous ? » Demande-t-elle dans un savant dosage de douceur, de bienveillance et de professionnalisme. « Je suis sociologue et je viens aussi pour adhérer ». Elle acquiesce sans problème, visiblement Stefan lui parait être un possible futur adhérent. Puis elle se tourne vers moi et me regarde bien dans les yeux, dans une relation d’égalité de neurotypique intelligente à neurotypique intelligente.
- Et vous Madame ?
- J’accompagne Stefan
- Avez-vous une maladie psychique ?
- Non… mais je connais des personnes qui en ont.
- Je suis désolée Madame mais le club est ouvert uniquement aux personnes ayant un problème de santé mentale.
Je suis rouge pivoine, heureusement mon masque me protège en partie. Stefan intervient alors :
- Mais elle pourrait devenir salariée de l’association
Je précise, confuse qu’il ose proposer que je prenne la place de la femme aux cheveux blonds courts :
- Non, pas du tout.
Elle enchaîne en s’adressant à Stefan :
– Nous allons vous donner un masque neuf.
Je repars donc vers la sortie. La femme aux cheveux bruns mi-long a assisté à distance respectueuse à l’échange et m’offre une phrase de consolation :
- Ne vous inquiétez pas Madame, il vous racontera tout.
Ultime estocade. Je comprends qu’on me prend pour la gentille soeur de Stefan, voir pire, pour sa mère, alors que nous avons le même âge.
Je sors estomaquée, entre fou rire, libération et vexation. Heureusement, il y a Les Délices de la Caspienne où j’achèterai une bouteille de vin rouge « Bond 189 » en direct de Russie qui sera top pour le diner,
2 Commentaires
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Je ne me suis pas du tout senti stigmatisé 😉
Eh????