L’arrivée lente de la GEM-Nation

Les GEM ont beau exister depuis presque 15 ans, cela reste encore des structures en émergence, très mal connues du public et dont beaucoup de progrès peuvent être attendus dans leur organisation. Pas grand-chose n’a été fait pour l’instant pour leur permettre de mieux fonctionner au quotidien ou pour que la fonction d’animateur de GEM soit reconnue à sa juste valeur. Et ce n’est pas faute d’une croissance assez fulgurante : 30 Clubs en 2005, 300 en 2011, plus de 540 en 2021.

Pourtant, demandez dans votre entourage non-psychiatrique qui a entendu parler de ces structures… vous ne trouverez sans doute guère plus de un ou deux pour cent de “connaisseurs”. Parlez leur alors du Secours Catholique et vous aurez là plus de 95 % de la population Française qui connaît cette association. Pourtant en terme d’heures, les adhérents des GEM sont 10 fois plus actifs que ceux du Secours Catholique, se consacrant à leur GEM plusieurs jours par semaine.


A cette invisibilité plusieurs explications dont avant tout le voile pudique duquel on continue de recouvrir tout ce qui a trait à la psychiatrie, sans doute un des derniers Far West de nos sociétés modernes. C’ est dû également à un fonctionnement en autarcie de la plupart des GEM (pour vivre heureux vivons caché) et à l’absence de liens forts entre chaque GEM et de structure solide unissant l’ensemble des GEM.

Quant à la fédération nationale des GEM, le CNIGEM, elle était jusqu’à récemment une coquille vide recevant très peu de financements (7 000 € par an jusqu’en 2018, à peine de quoi payer les notes de frais des membres du CA pour se rendre à Paris et déjeuner ensemble) ; En témoigne sa quasi-absence sur Internet et l’absence de véritable travail collectif donnant lieu à des restitutions publiques, organisations de journées nationales dont on ne retrouve aucune trace écrite. L’UNGF, l’autre fédération, a complètement disparu de la circulation depuis 2018. Le Cnigem a vu en revanche son rôle largement renforcé depuis 2018 avec l’organisation d’une quarantaine de journées de formation, la mise en place d’un site WEB et un financement d’environ 200 000 Euros par an.La crise Covid de 2020/2021 lui a redonné un nouveau souffle en lui apportant une manne financière jamais égalée (600 000 Euros pour 2021 -estimation de l’auteur.

Les contacts InterGEM sont plus ou moins approfondis suivant les régions et l’appartenance du GEM à tel ou tel parrain. On trouve dans la plupart des départements des gestionnaires qui ont en charge plusieurs GEM à la fois (les amis de l’Atelier dans les Yvelines, Espoir2 dans l’Aisne). On observe une intégration beaucoup plus grande des GEM entre eux, avec présence d’animateurs volants, de réunions mensuelles, la présence d’un coordinateur qui gère l’ensemble des GEM appartenant à sa structure. Les GEM-enfants uniques, dont le gestionnaire ne s’occupe d’aucun autre GEM, eux ont beaucoup plus tendance à vivre isolés, d’autant plus quand ils sont pauvres, ne disposant souvent pas de véhicule…

Dans certains départements comme l’Oise, l’Aisne ou le Nord, chaque GEM reste encore dans son coin, sans beaucoup de contacts avec les GEM d’autres villes et a fortiori d’autres départements. Seuls quelques groupements InterGEM commencent à voir le jour comme dans le Midi Pyrénées autour de Toulouse et du fameux Bon Pied Bon Oeil (Pamiers, Rodez, Albi) et en Bretagne où une dizaine de GEM se réunissent tous les 6 mois à Pontivy (Bénévoles InterGEM et Professionnels InterGEM (BIG-PIG). Les différents départements des Hauts de France ne semblent pas encore avoir organisé de collaboration régulière (une rencontre ludique par an et un InterGEM studieux de temps en temps, pas de rencontres entre animateurs, présidents ou parrains en revanche). La plupart des rencontres InterGEM ne donnent guére lieu à une réflexion commune mais surtout à des activités ludiques (karaoké, repas …). On note pour le moins une certaine indifférence à la collaboration entre GEM, hormis entre GEM appartenant à un même gestionnaire. Le CNIGEM, censé être la fédération de tous les GEM, se plaint d’ailleurs d’avoir du mal à recruter de nouveaux adhérents (40 cotisants au début de 2018, une centaine à la fin de l’année grâce un intense effort marketing puis un retour à 67 cotisants en octobre 2019 et à 25 en 2020.

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2 Commentaires

  1. L’arrivée lente de la GEM-Nation
    Merci Ségo pour ton témoignage il est très intéressant par ce qu’il montre : que le GEM est une étape supplémentaire de retour à la vie, après un éventuel premier passage en CATTP, que certains gestionnaires et parrains sont parfois un peu envahissant ou du moins ne prennent pas à sa juste mesure le besoin de liberté es gémeurs. C’est pour ça d’ailleurs que dans ses recommandations l’ARS souligne l’importance d’avoir un local en ville, loin de tout ce qui peut ressembler à une structure médico-sociale ou à une famille d’usagers. D’ailleurs apparement c’est ce type de démocratie dirigée qui t’a poussé à abandonner ton premier GEM. Tu évoque aussi avec justesse le fait que certains GEMs fonctionnent plus en autarcie que d’autres, plus ouverts sur l’extérieur. C’est ainsi que certains n’organisent, faute de véhicule, aucune sortie en extérieur, alors que d’autres sont toujours par monts et par vaux. Ton témoignage illustre aussi très bien le fait que l’on est pas forcément Gémeur à vie, que c’est souvent un passage de l’existence, puisque toi même tu as arrêté pendant plusieurs années avant de retrouver GEM à ton pied. Bonne journée et au 8 octobre prochain normalement…

    • Ségo d'Angoulême sur 11/09/2019 à 15:19

    L’arrivée lente de la GEM-Nation
    J’ai connu l’existence des GEM entre 2011 et 2013, alors que j’habitais à Tarbes. Malheureusement, à ce moment là, je n’ai jamais réussi à y mettre le pieds. C’était plus facile d’aller au CATTP.
    Passons.
    En 2014, de retour à Angoulême, j’ai découvert un GEM (aujourd’hui disparu) à proximité de ma nouvelle adresse. À ce moment là, aucun inter-GEM (pas de sorties, non plus, le GEM étant très axé sur l’accueil et la création artistique)… Il faut dire que la Charte n’était pas franchement respectée, ni connue d’ailleurs, et qu’une simple “inscription” suffisait pour être considéré comme “membre”. Juridiquement parlant, il n’y avait en réalité tout simplement pas de GEM, puisque pas d’association (avec un bureau et un CA)! Ceci, à quoi ce sont ajoutés de graves dysfonctionnements, m’a poussée à en arrêter la fréquentation.

    Ce n’est qu’en septembre 2018 que j’ai véritablement adhéré à un GEM.
    Le moins connu d’Angoulême, peut-être… le GEM Être ensemble.

    Un GEM en renouvellement et réinvention, après une crise interne s’étant produite avant mon arrivée.
    Peu d’adhérents et peu d’usagers, mais ceci étant du à la fameuse invisibilité des GEM.
    Cet aspect est en outre aggravé par de grosses carences en communication (une plaquette plate et sans âme, qui n’est pas vraiment distribuée à l’extérieur de nos murs, par exemple).
    En outre, les adhérents de longue date montrent une très grande dépendance à notre organisme gestionnaire, dont le GEM a partagé les locaux pendant de très nombreuses années. De fait le cordon est difficile à couper, dans la mesure où nous sommes voisins de trottoir.

    Un très bon point cependant : nous faisons fonctionner l’inter-GEM!
    Nous connaissons les animatrices des autres GEM d’Angoulême (4 au total) et de Charente (5). Certes c’est la plus grande partie du temps pour des sorties ludiques (journée en plein air, jardin partagé, repas de Noël, sport hebdomadaire…) mais également pour accroître la visibilité des GEM… quitte à froisser nos gestionnaires et parrains en invitant (par exemple) un sociologue dont les travaux semblent créer quelques remous idéologiques…

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