À propos de l’animateur dans le GEM, les textes législatifs (arrêté du 18 mars 2016) précisent que :
« Les animateurs salariés aident les adhérents à s’organiser pour la réalisation de leur projet ainsi qu’à établir des relations avec l’environnement et les institutions de la cité. Ils les aident à veiller au confort et à la gestion quotidienne du groupe. Ils apportent aux adhérents qui les sollicitent leur écoute, leur avis et leur conseil, mais sans jamais se substituer aux professionnels du soin ou de l’accompagnement auxquels les personnes ont recours en tant que de besoin »
Il est ainsi expressément mentionné dans la législation que l’animateur de GEM doit apporter son « aide », son soutien et ses conseils aux adhérents dans le Groupe d’entraide mutuelle. On ne trouve en revanche dans les textes nulle référence à l’ « accompagnement » des adhérents (sauf à le proscrire ou inviter à ne pas empiéter sur ce champ) alors même qu’il me semble que le rôle de l’animateur de GEM peut à certains égards s’inscrire dans des pratiques d’accompagnement social.
Quelles sont ainsi les missions, le rôle de l’animateur dans le Groupe d’entraide mutuelle ; aider, conseiller, accompagner ?
Aider, conseiller, accompagner, quelle différence ? D’après le dictionnaire Larousse, aider c’est « apporter son concours à quelqu’un, joindre ses efforts aux siens dans ce qu’il fait ; lui être utile, faciliter son action ». Quant à l’accompagnement, il semble induire une relation coopérative sollicitant l’autonomie de l’accompagné et dans laquelle l’accompagnant se positionne non comme une aide mais comme une ressource (Maela Paul, 2012). Ainsi, dans le sens commun, accompagner c’est « se joindre à quelqu’un pour aller où il va, en même temps que lui ».
À cet égard, les pratiques des animateurs de GEMs sont-elles foncièrement détachées des pratiques de « l’accompagnement social » ? Pour en rappeler brièvement le contour, l’accompagnement social est tout à la fois une fonction et une posture, une relation et une démarche (Paul, 2004). Se distinguant des pratiques d’assistance impliquant une « prise en charge », l’accompagnement social consiste à placer la personne accompagnée au coeur d’un processus interactif, fondé sur un engagement réciproque entre les parties.
Les pratiques de l’accompagnement social consistent ainsi à guider, appuyer, soutenir ou encore aider (Guele et al. 2003). Pour se faire, l’accompagnement social se fonde sur deux principes fondamentaux ; le premier – le travail à la demande – a pour pré-requis la nécessité d’une demande exprimée par l’adhérent et débouchant sur la construction d’un projet. Le second –le travail au cas par cas – invite l’accompagnant à proposer un accompagnement individualisé en fonction du parcours de vie des personnes et dans le respect de ses attentes et besoins (Ali Boulayoune, 2012).
Cela étant, les pratiques des animateurs dans les Groupes d’entraide mutuelle ne semblent foncièrement détachées des pratiques de l’accompagnement social en ce que l’animateur peut constituer un repère, une ressource, une aide… si l’adhérent en éprouve l’envie ou le besoin. C’est dans cette optique, il me semble, que des “projets” sont mis en place par et pour l’adhérent, avec le soutien d’un animateur. Il est à l’inverse tout à fait possible de ne côtoyer le GEM que pour y passer boire un café ou discuter, d’où l’effectivité apparente d’un “travail à la demande” qui s’effectue – ou non -, de fait, au cas par cas.
Entre aide, conseil, accompagnement… les frontières du métier d’animateur semblent bien difficiles à délimiter et teintées de quelques ambiguïtés à tel point qu’on ne sait ce que recouvre réellement le métier d’animateur qui doit « aider » mais sans « accompagner » ni « soigner »…
Face au flou qui entoure ce nouveau métier, il n’est pas certain que les animateurs de GEM distinguent, sauf à jouer au jeu des « 7 différences », les limites entre l’aide et l’accompagnement et par là, les limites de leur rôle et de leur profession.
Et vous, comment percevez-vous votre rôle en tant qu’animateur de GEM ? Et si vous êtes adhérents, qu’attendez-vous des animateurs du GEM que vous fréquentez ? N’hésitez pas à me contacter pour que nous en discutions via mon adresse mail stremlerjustine@hotmail.fr (nous pouvons convenir d’un appel téléphonique)
Dans un prochain article, j’aborderai la question de la posture professionnelle ; entre proximité et « distance professionnelle » (des termes que l’on entend bien souvent à propos du travail social ou des relations entre accompagnants et accompagnés), les pratiques des animateurs de GEM semblent dépendre de la posture que chaque animateur choisit d’adopter avec les adhérents. C’est avec plaisir que je recueillerai vos témoignages quant à votre posture afin de nourrir ce prochain article.
Références bibliographiques :
Boulayoune, Ali. « L’accompagnement : une mise en perspective », Informations sociales, vol. 169, no. 1, 2012, pp. 8-11.
Guele et al. (2003), L’accompagnement social en questions, Rapport élaboré par des conseillers techniques en travail social des DDASS et DRASS de la région Rhône Alpes, 28 p.
Paul Maela (2004). L’accompagnement : une posture professionnelle spécifique, Paris : L’Harmattan, 351 p.
Paul, Maela (2012) « L’accompagnement comme posture professionnelle spécifique. L’exemple de l’éducation thérapeutique du patient », Recherche en soins infirmiers, vol. 110, no. 3, pp. 13-20.
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