Premier bilan d’un an d’enquête dans le domaine des GEM écrti à l’été 2019 après avoir fait le tour d’une quinzaine de GEM et avoir rencontré les principaux responsable de la Gémosphère.
Un sociologue est toujours un peu sensible à l’accueil plus ou moins chaleureux des tribus qu’il étudie. Les GEM de façon générale sont assez ouverts. Pour l’instant il y en a que 3 qui ont refusé que je les rencontre, pour la bonne raison qu’ils connaissaient des moments difficiles : déménagement pour deux d’entre eux, conflits avec le gestionnaire pour l’autre. Il y en a par ailleurs 10 % qui ne répondent jamais au téléphone, ni n’ont de messagerie téléphonique. Gageons qu’ils n’existent plus. Un autre GEM, plutôt que je lui rende visite, insiste pour que je lui envoie à l’avance mes questions par écrit.
Des organismes nationaux peu fréquentables
Quant aux organismes supra-GEM, il est relativement facile de les rencontrer une fois. Mais il ne faut pas trop compter les revoir ou du moins revoir la même personne : au bout d’une heure d’entretien et l’achat de la revue ou ils parlent de ce qu’ils font (20 Euros le N°15 de Santé Mentale France), c’est “au revoir et bonne chance pour votre thèse.” Les journalistes n’ont besoin de rencontrer leur interlocuteur qu’une fois, pour faire un bon papier, pourquoi en serait-il différent des chercheurs ? Nous sommes passés à l’ère du “one shot”. J’ai beau leur expliquer qu’il s’agit d’une première rencontre pour étudier le terrain, il faut à tout prix une liste de questions précises à laquelle il vous sera parfois répondu : “nous n’en savons pas plus” ou bien carrément “nous n’entrerons pas dans les détails”. Ainsi avons-nous appris qu’il y avait des entrepreneurs dans un GEM, mais impossible de savoir s’ils étaient des patrons de SA ou des auto-entrepreneurs. Côté littérature écrite en revanche, ça se passe mieux : seule une thèse pour l’instant s’avère inaccessible et un quart des articles sont accessibles gratuitement : pour la vingtaine d’autres indispensables, compter environ 200 Euros. Les livres n’étant pas légion sur les GEM, ça nous fait autant ça d’économisé…. A part le Guy Baillon, le Jean Besançon et tous ceux sur les expériences de Laborde et Cie et le récent traité de Réhabilitation Sociale de Nicolas Frank à 90 Euros.
On peut se réjouir en revanche que les 7 bilans d’activités des GEM publiés par l’ARS soient disponibles, contrairement aux comptes rendus du Comité de Suivi du CNSA : Seul celui de 2018 est en ligne. Comme me le disait une correspondante du CNSA, le passé est le passé, c’est l’actualité des GEM qui compte et les choses importantes ont toutes été publiées dans la presse. Dont acte.
Quant au Saint Graal : arriver à faire de l’observation de terrain, ça arrive de temps en temps, mais pas à chaque fois. C’est ainsi que pour l’instant je ne suis pas encore assuré de pouvoir assister aux fameuses formations à 300 000 Euros financées par le CNSA : “les places sont chères et la demande est trop forte”. Les GEM du nord des Hauts-de-Seine me sont pour l’instant interdits, ainsi qu’un GEM des Hauts-de-France, qui souhaite d’abord en discuter en bureau : ça tombe mal j’ai souvent tendance à débarquer à l’improviste, à tel point qu’une fois ou deux le GEM visité à crû que j’étais un auditeur de l’ARS.
Pour ce qui est de la rencontre des animateurs de GEM, sans doute 10% de ma thèse, c’est carrément râpé. C’est dommage, j’avais eu un début de rapport sympa avec une petite animatrice des Cévennes qui m’avait proposé de leur rendre visite en janvier dernier. Mais finalement j’avais du choisir la Bretagne pour des raisons financières. Depuis ils ont trouvé que j’avais trop insisté pour assister à leurs rencontres de Besançon et ne veulent plus me parler.
Quant au Club House de Paris, voilà deux ans que j’attends de pouvoir en interviewer le directeur de façon approfondie, mais c’est vrai qu’en revanche j’ai eu droit à 4 ou 5 réunions d’information et à 2 jours en immersion en tant que gentil psychiatrisé, une façon comme une autre de se faire admettre au Club House.
Quant aux autres étudiants qui préparent un mémoire sur le même sujet (j’en ai trouvé 3), pas facile non plus de les rencontrer, ils sont tout bonnement aux abonnés absents sans doute trop préoccupés par leur propre mémoire pour discuter avec un collègue qui travaille sur le même sujet qu’eux.Bon pour résumer tout ça je dirai que comme leur nom l’indique les Groupes d’Entraide mutuelle font de l’entraide mutuelle entre adhérents de GEM, mais il ne faut pas confondre les GEM avec des groupes dédiés à l’entraide mutuelle en général. Dès qu’on monte l’échelon au dessus, c’est un peu comme partout ailleurs : une certaine cacophonie et des pratiques diverses et variables.
Cela dit, j’ai connu pire : En 88 il m’a fallu sonner un an à la porte de SOS Amitié avant que le Président d’honneur, Guy Crescent, par ailleurs Président de Calberson et de la fondation Platini, me prenne sous son aile et décrète que pour une fois, il en était fini de la culture du secret de SOS Amitié. La porte se referma bien vite. Mais entre-temps j’avais pu publier mon « Que Sais Je » et ainsi bien terminer ce qu’il fallait terminer.
Exemple de message menaçant reçu sur ma boite vocale
3 Commentaires
Les tribulations d’un sociologue dans la tribu des GEMs
Bonjour Stefan,
Je suis votre site depuis le début de ma recherche en Sociologie sur les GEM, vous m’avez donné beaucoup d’idées et de ressources et je cite d’ailleurs votre site dans ma recherche. À la lecture de votre passage concernant le manque de discussion/contact avec des collègues étudiants de master, je viens me manifester. J’effectue une recherche au sein du GEM “club loisir” de Strasbourg et je m’intéresse plus précisément à la présence d’animateurs dans le GEM et ce que cela peut impliquer vis à vis de l’objectif d'”autonomie”, en gros… Je suis pour le moment en M1 et je poursuivrai encore l’an prochain. Si jamais cela vous dit, nous pourrons en discuter !
Belle journée 🙂
Auteur
Les tribulations d’un sociologue dans la tribu des GEMs
N’hésitez pas à l’alimenter en vous créant un accès auteur sur http://www.entraide-mutuelle.net/spip.php?page=login&url= Je tâcherai de passer dans votre GEM. Je serai à Angoulême le 8 octobre prochain.
Amicalement votre
Les tribulations d’un sociologue dans la tribu des GEMs
Bonjour,
le GEM “ETRE” de Rochefort sur Mer en Charente-Maritime vous est ouvert si vous avez l’occasion de passer par là !
N’hésitez pas à nous contacter, votre travail mérite d’être “alimenté” semble-t-il ….
Notre site internet : https://gemetrerochefort.wordpress.com
Bien cordialement
GEM ETRE de Rochefort – 05.46.89.57.15