Se détacher définitivement de la santé mentale
Les GEMs comme nouvelle utopie possible

Note de l’éditeur : C’est clair que les GEM doivent pour beaucoup être un lieu de rétablissement, de calme et de paix à l’abri de l’agitation. Mais est-ce pour autant que cela dit interdire d’avoir des GEM plus dynamiques, dont les adhérents, mieux rétablis que ceux des GEM lieux de répit, deviennent des véritables acteurs de leur liberté retrouvée ? Nous touchons là une limite : un Gémeur rétabli a-il encore sa place dans un GEM ? A t-il même le droit, au delà de la gestion de son GEM, de devenir un acteur pensant de l’objet GEM ? Dans le milieu officiel des GEM, cette réflexion n’est pas forcément la bienvenue et l’acteur pensant, se posant donc des questions, devient rapidement le polémiqueur à abattre. C’est alors qu’Entraide Mutuelle faisait l’objet d’une telle attaque que nous avons reçu cette très belle réaction qui sonne un peu comme un manifeste.
Bonjour.
Je suis sidérée par votre commentaire. A vous lire rapidement, j’aurai tendance à comprendre que pour vous les plus « vulnérables » sont les plus « cons », c’est ça ? Je le vis comme une insulte à tous les Gémeurs et plus généralement à toutes les personnes atteintes d’un trouble psychique.
Avoir un trouble psychique n’a rien à voir avec une limite intellectuelle. Bien sur qu’un zombi buté aux neuroleptiques seulement capable de tenir un pinceau tremblant, ne dois pas paraître très vif d’esprit. Bien sur qu’il est docile, asservi, conciliant et qu’il aime les bras maternels protecteurs-castrateurs du GEM. Mais ne vous méprenez pas, derrière les sévices infligés par la psychiatrie se cachent des personnes instruites, intelligentes, courageuses, etc.
Bien évidement que diminués par nos traitements, parasités par nos symptômes et fracassés par la vie, nous nous retrouvons en échec fréquent. Cela signifie-t-il qu’il faut simplifier l’idée du monde ? N’est-ce pas nous enlever d’office la possibilité de nous en sortir réellement ?
Pour moi votre pensée est bien plus destructrice en santé mentale que la pensée subversive. Savez-vous qu’un des combats les plus dur à mener dans un rétablissement en santé mentale est l’émancipation de tout ce que vous prônez dans votre commentaire soit le paternalisme, l’infantilisation et la bêtification initiés par la psychiatrie et toutes ses instances ?
Votre posture, sûrement bien accueillie par « vos protégés » (j’ai moi-même tété goulûment le sein de cette bienveillance laiteuse), ne constitue-t-elle pas les maillons de la chaîne qui les entrave ? Dans votre dynamique, pleine de bons sentiments, vous entretenez l’état végétatif et soumis que la psychiatrie inflige volontairement ou non à ses usages.
Même si le parcours de rétablissement est propre à chacun, je crois qu’il passe très souvent par l’émancipation de cette bienveillance collante et immobilisant. L’autonomisation, que pour moi vous bridez par votre commentaire, est un enjeu MAJEUR du soin.
Pour moi un GEM gagnerait à inclure dans ses murs le débat, la réflexion voire le militantisme. Ce qui réunit les Gémeurs, entre autres choses, est leur vécu de la psychiatrie, de ses instances, de ses outils, de ses sévices… Le GEM est alors, selon moi, une formidable association pour réfléchir et stimuler l’envie de changement de l’offre de soin qui nous est faite (donc aussi de l’offre des GEM).
Enfin et pour revenir sur le cœur du sujet, je ne vois pas comment débattre, remettre en cause, réfléchir et questionner peut-être nuisible. Merci de permettre à chacun d’évoluer, de chercher mieux, de ne pas s’enfermer dans une pensée unique, simpliste et édulcorée. Et puis, personnellement, quand je ne comprends pas quelque chose, que le sujet ne m’intéresse pas ou qu’il me dépasse, je passe à autre chose, est-ce si grave ?
GEM Tartempion, je m’excuse d’avance de la possible violence dans laquelle vous pourriez recevoir mon commentaire. Il ne s’adresse pas à vous en particulier et en propre mais à ce que votre commentaire fait raisonner en moi. Je ne m’attaque pas à un individu mais à un système de pensée. Rien de personnel là-dedans. Pourtant j’aimerais quand même vous poser une question en propre : Qu’est-ce qui vous fait peur dans l’existence de ces débats ?
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