3ème réunion du comité de pilotage:
Mon acolyte Gérald et moi, ruminions depuis un bon moment d’intégrer un GEM.
J’avais eu connaissance du GEM Le Nouveau Cap à Nantes, installé près de notre fleuve tumultueux et tourbillonnant qui sépare notre ville et sa périphérie en deux, et la météo par la même occasion… Les cours d’eaux ont leurs pouvoirs sur l’air du temps que seuls les paysans et les marins connaissent encore…
Je recherchais un moyen de socialiser un pote tout seul chez lui, de manger pas trop cher (si ce n’est pas pour dire à l’œil), d’avoir des activités sociales accessibles à mon modeste revenu (C’est-à-dire 0 euros en fin de mois) alors que ma vie n’était que métro-usine- retour dans une cage à lapins avec vue sur un autre immeuble, où l’on voyait juste de temps en temps quelques gosses mal éduqués et criards nous insulter, ou des étudiants faire des soirées foot bruyantes les fenêtres ouvertes.
J’avoue que j’ai trouvé le site plutôt pauvre à l’époque et me suis demandée avec quelle bande d’eclopés j’aurais à partager mes loisirs ou un repas. J’ai toujours trouvé triste le manque d’imagination et d’esthétisme, comme si seuls les nantis pouvaient s’octroyer un design qui pète la rétine.
Alors il a fallu que je rencontre Stefan, qui m’avait touché en m’envoyant une chanson de Thiefaine sur l’amitié je crois, et qui m’a pris la main pour m’accompagner au GEM Le Nouveau Cap et me présenter à l’animatrice Hélène, pour une petite interview. Le Nouveau Cap avait déjà pris cachet, ce n’est pas le nid de Jean Julien au rez-de-chaussée mais presque, ou un mini lieu unique pour les touristes et les accrocs du voyage à Nantes.
Mais c’était déjà difficile pour moi de me positionner. D’agent de restauration puis de production avec une RQTH, j’étais passée agent social, parce que je voulais me coltiner avec l’humain depuis longtemps, que je pensais en avoir les compétences, la fibre, l’envie, mais voilà, la société et le milieu ordinaire me jugeait fragile, voire doutait de mes capacités intellectuelles.
Faute d’avoir réussi à me présenter par la suite au Nouveau Cap, à un moment où moi et Gérald aurions eu grandement besoin d’un refuge de jour, Gérald a rencontré à l’hôpital de jour Hervé Bazin de l’Etape, qui lui a proposé de faire parti du comité de pilotage pour un nouveau GEM au Nord Loire, vu qu’il en existe un aux Sorinières (Sud Loire, à la périphérie) et que le Nouveau Cap reçoit beaucoup de demandes d’adhésions.
C’est ainsi que nous avons intégré le comité de pilotage dirigé par Hervé Bazin, de l’Etape. L’Etape s’occupe de l’insertion et de l’hébergement de personnes en difficulté sociale, en situation de handicap psychique ou intellectuel. L’Etape gérera ce comité et embauchera un(e) coordinateur (trice) et un(e) animateur (trice) grâce à une subvention accordée par l’ARS. Toutefois dans le but que le nouveau GEM prenne son envol et soit complètement autonome, rien ne sera fait sans l’accord des nouveaux administrateurs et futurs gemeurs.
Il s’agit donc de recruter 2 salariés, de trouver un nom et un local, même provisoires à ce nouveau GEM au stade où nous en sommes à la 3ème réunion. Étaient présents des administrateurs du nouveau Cap, des patients accompagnés de leurs soignants du CATTP et de la SAIC de Carquefou, des personnes travaillant à l’Etape et une personne travaillant pour le CCAS de Nantes, avec qui j’ai pu échanger vu que J’ai pu y travailler aussi 2 ans. Enfin chacun déclinant son identité avec la rapidité d’un lanceur de patate chaude à son voisin de table, il fut difficile de noter ce qu’Hervé Bazin fera mieux que moi. Il a même pris une photo ou je rigole derrière mon masque avec deux grands gaillards derrière moi qui me dépassaient de deux têtes pour les news de l’Etape. Ça y’est je suis une vraie star !
Ce qu’il m’a semblé dommage toutefois, c’est le manque de cohésion autour d’un projet qui se veut « autonome ». (Je crois que nous avons ici le maître mot du GEM Nantais. À côtoyer un GEM on en deviendrait autonome. Ce qui est une sacré bonne chose quoi qu’il en soit même si les mots clés répétés comme des mantras ont tendance à m’agacer.) Le projet d’un nouveau GEM semble dépossédé de ses usagers. À la question aux usagers du CATTP et de la SAIC de pouvoir discuter avec eux via leur e-mails personnels, ils ont répondu qu’ils préféraient qu’on communiqué avec eux via leurs associations respectives, comme s’ils n’avaient pas d’identité propre. J’ai été particulièrement frustrée par le manque de cohésion d’usagers autour d’un projet commun. Mais selon Hervé Bazin, il est rare que les personnes viennent seules pour adhérer à un GEM, cela leur ai plutôt suggéré généralement par des associations ou des structures médico-sociales.
Cela dit, les choses allant leur train, et semblant être prises par le temps faute de raisons à cette hâte qui laisse de côté une véritable cohésion d’usagers futurs, les décisions seront amenées par quelqu’un d’assez respectable et sympathique en la personne d’Hervé Bazin, qui ne manquera pas d’être à l’écoute si toutefois des personnes dont la présence a été sollicitées se réveilleraient… tout comme moi d’ailleurs qui a quand même pour projet des ateliers et des activités culturelles pour ce nouveau GEM. Il est plutôt souhaitable que des usagers se rencontrent et définissent « leur » projet particulier pour ce lieu précis sans y être forcément poussé par qui que ce soit. Ce qu’on veut y voir dans ce nouveau lieu, ce petit coin de paradis, cette fenêtre sur nos vies, personne ne l’a encore rêvé ni encore moins mis en commun.
Il se pourrait que ce nouveau GEM vienne pallier notamment à la fermeture d’un hôtel thérapeutique appartenant au CHU qui a dû se débarrasser de ses patients. Le parent temporaire est d’ailleurs un salarié du CHU… Plus qu’une volonté de la part d’usagers il pourrait s’agir d’un désengorgement de structures de jour pour des personnes plus ou moins socialement exclues par une société devenue abusivement mercantile et ne supportant aucune démonstration de fragilité humaine ou d’originalité excessive qui déborde des cases administratives ou des rôles robotiques qu’on doit jouer dans le milieu ordinaire.
Mais ça c’est un peu mon côté idéaliste qui parle.. J’ai rêvé d’un mondeeeee…
N’ayant plus l’habitude des réunions et des prises de notes, cette session m’a tout de même bien achevée. À vous les studios et à la prochaine aventure je vous dirai si un bout de rêve apparaît derrière des murs ou des fenêtres.
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