Cet article s’intéresse à la posture relationnelle des animateurs de GEM avec les adhérents. Il se veut centré sur les animateurs salariés ou bénévoles qui n’ont jamais été adhérents, ces autres animateurs constituant à mon sens, une catégorie “à part”.
Nous l’avons abordé dans un précédent article, le métier d’animateur de GEM présente des contours hybrides voire flous… et il n’est pas surprenant de rencontrer autant de pratiques et de façons de faire que d’animateurs. C’est d’ailleurs ce que j’ai pu constater à propos des relations entre les animateurs et les adhérents dans les GEM.
C’est lors de ma première expérience en tant qu’animatrice bénévole dans un GEM de l’Est de la France, que j’ai été interpellée par les différents positionnements des animateurs avec les adhérents. Si j’ai souvent observé un enthousiasme et des témoignages d’affection de la part d’adhérents envers les animateurs bénévoles ou salariés, les réponses des animateurs à ces marques d’affection varient, de la réciprocité à la retenue.
Témoin de relations tantôt affinitaires voire amicales (des animateurs serrant dans leurs bras des adhérents, blaguant et témoignant de sincères marques d’affection…), j’ai aussi pu entendre certains animateurs mettre le « holà ! », freinant les ambitions affinitaires des adhérents en ré-affirmant leur volonté de conserver une certaine distance.
Ainsi, si certains animateurs entretiennent avec les adhérents de leur GEM une relation de proximité pouvant aller jusqu’à la création de liens amicaux dans et/ou en dehors du GEM, d’autres affirment préférer conserver une frontière entre sphère professionnelle (le GEM) et sphère privée et par là n’instaurer avec les adhérents qu’une relation professionnelle.
De ce fait, nulle (ou peu) d’information à propos de soi ou de sa vie privée et déclin de toute proposition d’activité qui se déroulerait dans un autre cadre que celui du GEM (comme l’invitation à la célébration de l’anniversaire d’un des adhérents dans le cadre privé). En d’autres termes, une relation qui n’existe que dans le cadre d’un travail salarié (ou bénévole), mais qui ne perdure pas en dehors des heures d’ouverture du GEM ou de ses murs ; « on n’est pas potes » m’a déjà dit un coordinateur de GEM à propos des adhérents.
Évidemment, tout positionnement se doit d’être respecté et regarde avant tout celui qui choisit de l’adopter, ce pourquoi il ne s’agit pas ici de critiquer la volonté de conserver sa vie privée pour soi (cela est un droit fondamental et ne fait pas de nous un mauvais animateur). D’ailleurs, puisque rien n’est complètement noir ou blanc et que la vie est faite de nuances, un animateur peut parfaitement souhaiter conserver certaines informations privées, tout en acceptant de participer à une fête d’anniversaire.
Il ne s’agit pas plus par cet article de déterminer comment les animateurs devraient être avec les adhérents, dressant un portrait idéaliste de l’animateur modèle (y en a-t-il ?). L’objectif est plutôt d’inviter tout un chacun, animateur et adhérent, à questionner sa propre posture et les relations entretenues dans le GEM et par là les conséquences potentielles (sur l’esprit de groupe, par exemple).
Qu’en est-il dans votre GEM ? Le groupe tend-il plutôt vers le clivage ou l’homogénéité entre ceux qui sont là pour « animer » le groupe et favoriser la création d’un lien social d’un coté et les sujets de ces objectifs d’insertion sociale de l’autre ?
Par ailleurs, s’il n’y a pas – entre distance et proximité – de mauvaise posture par essence, les deux peuvent présenter des aspects positifs comme négatifs… Par exemple, pour ne citer que les seconds, la posture distanciée de l’animateur qui « n’est pas pote » peut mener à des relations asymétriques, entre d’un côté l’adhérent qui se confie, dont on sait parfois beaucoup de lui et de l’autre, l’animateur qui choisit de ne dévoiler à propos de lui que des bribes d’éléments choisis.
Quant à ceux qui acceptent volontiers de nouer des relations affinitaires ou amicales avec les adhérents dans et en dehors du GEM, il peut arriver qu’ils se heurtent à des comportements inappropriés voire parfois abusifs (drague, coups de téléphone à répétition, visites à domicile improvisées…) comme j’ai pu l’observer dans l’Est de la France.
Quoi qu’il en soit et comme pour bien des sujets, il semblerait que cette question soit avant tout une affaire d’équilibre.
2 Commentaires
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Bonjour Josette, merci pour votre commentaire. Il semblerait que vous adoptiez une très jolie posture, qui me rappelle l’image du “tremplin” ; vous échangez et partagez avec les adhérents pour leur redonner gout à la sociabilité, puis les inviter à construire d’autres relations à l’extérieur du GEM. Ceci est très intéressant et ouvre mon imaginaire à d’autres aspects du travail d’animateur de GEM que je n’ai pas encore exploré. Belle continuation à vous!
Bonsoir je suis animatrice en GEM je ne considère pas les Adhérents comme des potes mais comme des personnes avec qui je partage des choses. Ou est la frontière, chacun ses limites chacun sa personnalité. L’important est de ne jamais perdre le pourquoi sommes nous à ce poste qu’elle est notre mission nous animateur, même si ce terme sonne mal à mes oreilles. Ma mission est de recréer du lien entre Adhérents puis ouvrir vers l’extérieur afin que chacun puisse reprendre ça place dans la cité. C’est là je pense un grand travail. Je suis en poste depuis quelques mois j’apprends beaucoup et souhaite continuer à apprendre et partager. Bon et beau chemin à vous merci