Séminaire soutenu par le LabToP-CRESPPA (UMR 7217)
et le CCAMAN (LISAA – EA 4120 – Université Gustave Eiffel)
Coordination : Maxime Boidy
Contact : maxime.boidy@live.fr
NB : Le séminaire est ouvert aux doctorants et aux étudiants de master intéressés.
Argumentaire
Longtemps à la marge des sciences sociales et politiques, les savoirs visuels connaissent
un regain d’intérêt dans ces disciplines au sein du monde francophone. Ils bénéficient de
l’essor de paradigmes interdisciplinaires dans différentes aires intellectuelles, qui placent de
plus en plus souvent les phénomènes politiques au centre de leurs enquêtes. Il est désormais
possible de circonscrire un champ de recherches spécifiquement dévolu à l’« étude visuelle du
politique ». L’appréhension d’un tel champ nécessite toutefois de mener une réflexion
interdisciplinaire approfondie sur ses fondements épistémologiques et méthodologiques, afin
d’identifier les articulations nécessaires entre les positions intellectuelles les plus attentives
aux exigences de scientificité (constitution de corpus empiriques, administration de la preuve)
et les perspectives plus enclines à la théorisation et/ou à la politisation des savoirs visuels.
Les travaux existants se sont fréquemment penchés sur l’iconographie du pouvoir
dominant et de ses institutions, à l’instar de la représentation classique de l’État qui orne le
frontispice du Léviathan (1651) du philosophe anglais Thomas Hobbes. Il s’agit a contrario
d’interroger les modalités d’enquête et de constitution de corpus non du seul point de vue des
dominants, mais aussi du point de vue des « dominé(e)s », et ce à trois niveaux possibles :
- (1) l’identification de corpus visuels et politiques susceptibles de nourrir la réflexion
interdisciplinaire sur l’iconographie des « dominé(e)s », au-delà ou à côté des nombreux
travaux portant sur les révoltes, les révolutions et les mouvements d’émancipation les
plus connus, en particulier le mouvement ouvrier. - (2) une réflexion sur le point de vue des « dominé(e)s » et la production d’images par
les catégories reléguées du monde social. Cet axe de recherche s’intéresse en particulier
aux représentations visuelles des critiques de la représentation politique. - (3) une réflexion sur les formes de domination liées aux savoirs visuels. Il s’agit de
réfléchir au rôle des savoirs visuels dans la production de la domination, dans la
construction de catégories politiques appliquées aux « dominé(e)s » (la foule
dangereuse, l’idée de populisme) et dans leurs mises en représentation.
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